J'ouvre la porte...

  Complètement affalée dans mon fauteuil... C'est effarant de se sentir à ce point apathique. J'ai même pas refermé mon bouquin. Il traîne sur mes genoux. Il faudrait que je chope le marque-page, dont l'utilité me semble évidente, avant de le faire. Je sais que je ne me rappellerai jamais du numéro de la page. Problème: le bidule en question est trop loin pour que je puisse l'attraper sans être obligée de me lever. Je devrais sans doute avoir honte, là. Ben merde, je prend le premier truc qui me tombe sous la main (une enveloppe de relevé de compte... va savoir ce qu'elle fout là...), et je le cale à l'intérieur. Hop!

   "La vie mode d'emploi"... Ca me fait bien marrer. Je me demande si Georges se serait intéressé à notre foutoir. Il paraît que c'était un matheux génial. Ouais, enfin... Sans doute que même lui ne serait pas parvenu à s'en dépêtrer. Y'a rien de logique dans tout ce bordel.

   Rien de logique, mais tout de même une sorte de constance effrayante. Il est trois heures du matin passées et Daz doit entamer ce qui semble être, vu le niveau sonore de la musique dans sa piaule, sa douzième heure de "Resident Evil" de la journée... Avec ACDC a donf bien évidemment, sinon ce serait pas drôle. Je me demande brièvement à combien se montait le budget du connard qui a bâti cette ruine pour construire des cloisons aussi minces, avant d'enfin me décider à me lever.

   J'ouvre la porte.

   "Daz, bordel, tu comptes t'arrêter avant de nous avoir explosé les deux tympans, ou un seulement ça te suffira?!"

   Pas de réponse... Honnêtement, je doute qu'il m'ait entendue. Mais je gueule toujours, pour la forme. Parce qu'en vrai, je fais même plus attention au bruit. L'habitude. Je vais m'écrouler sur mon plumard.

   Merde... J'ai laissé la porte ouverte...

   Boah... Tant pis...